La déclaration de guerre


Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne.
M. Constans témoigne : “J'avais 14 ans quand la guerre a éclaté. Nous étions à la fête d'Aups, nous savions déjà que la guerre était imminente."

La trilogie :
Travail, Famille, Patrie

La défaite militaire foudroyante de juin 1940 contre l'Allemagne, la déclaration de guerre des Italiens du 10 juin abolissent la IIIe République. Le vote du 10 juillet accordant au maréchal Pétain les pleins pouvoirs ouvre une période exceptionnelle dans l'histoire de la France. C'est assurément une rupture avec le passé républicain comme le montre l'abandon de la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » au profit de la trilogie pétainiste « Travail, Famille, Patrie ». Sous le début de la IVe république, le président Albert Lebrun dirigeait le pays et le maréchal Pétain était chef des armées. Il avait été élu à 569 voix contre 80.

Parmi les opposants se trouvaient des varois, les sénateurs Sénès et Renoult et les députés Zunino et Collomp.

La signature de l'Armistice le 22 juin 1940 a pour effet de déterminer l'espace. Le pays est divisé en deux zones : l'une occupée au Nord, l'autre libre au Sud. Une ligne de démarcation établit la limite entre les deux. On ne circule plus librement d'une France à l'autre.

La Provence était le lieu rêvé pour entraîner les soldats grâce aux bonnes conditions climatiques. Leurs exercices furent interrompus en 1939 quand ils furent envoyés au combat.
Dans le courant de l’année 1940, les Chantiers de Jeunesse firent leur apparition. C'était, en quelque sorte, un Service National Obligatoire de huit mois concernant uniquement la zone libre. Dans le Midi, le Groupement 16 était basé au Muy dans la forêt du Rouët et le Groupement 46 au Cannet des Maures.

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La France sous l’occupation

M. Bernard parle de cette période :
“Jusqu'alors, la zone sud de la ligne de démarcation était libre, mais en 1942, tous ceux de vingt ans furent mobilisés.
Il fallait maintenant vivre avec l'ennemi et travailler pour lui. Ils nous faisaient couper des arbres ! Les fortes têtes étaient envoyées dans des carrières pour un travail harassant.
Je me suis retrouvé avec des camarades qui ne connaissaient rien au travail agricole. Ils étaient étudiants en droit, en pharmacie, barman…
J'ai dû, avec deux de mes camarades ardéchois, leur montrer quelques rudiments du métier. On débitait du bois en 1 m, après il fallait l'envoyer de 50 m en 50 m jusqu'à destination. En redescendant le midi et le soir, nous devions porter une charge de 30 Kg de bois pour le chauffage et la gazogène qui remplaçait l'essence. Les véhicules avaient été modifiés pour cela.”

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Affiche de propagande STO

Dans ce contexte, sous le choc de la guerre, les Français trouvent un recours auprès du maréchal Pétain qui, en ces temps de crise, bénéficie d'une popularité immodérée.
En novembre 1942, la France sous le gouvernement de Vichy devenait un état soumis à l'occupant et organisait le STO.
STO, trois lettres qui allaient changer la vie des hommes, des femmes, des familles. STO, Service du Travail Obligatoire, un mot qui tombait comme un couperet. Il n'était pas bon d'être né dans la période 1918-1925. Les municipalités, sous la pression de l'armée allemande, transmettaient les nom, adresse et profession des jeunes hommes. Beaucoup partaient, certains se cachaient, d'autres gagnaient le maquis lorsqu'ils le pouvaient, il fallait trouver un contact.

M. Ferrier a vécu ce dilemme : “Je n'ai pas pris le maquis car j'avais peur pour ma famille, qu'ils prennent ma sœur en otage. C'était difficile de savoir qui avait raison, si l'on faisait bien, si l'on faisait mal”.

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D'autres gagnaient le maquis
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Qu’est-ce que vous préférez ?

La réponse était différente pour chacun, selon ses attaches, ses convictions, ses sentiments, mais ils étaient sûrement tous déchirés d'avoir à prendre ce genre de décision.
Pour le Var, du mois de décembre 1942 à juin 1943, 1419 hommes furent requis et 350 volontaires partirent travailler en Allemagne.

Le frère de Mme Bérenguier, lui, choisit le maquis. Il partit dans le Vercors. Est-il utile de dire qu'il répondait à un impérieux besoin de liberté, pour lui, sa famille, la France ! L'oppression aveugle exercée par les Allemands et La Milice vichyste ne faisait que renforcer sa combativité.
Les maquisards subissaient des bombardements chaque nuit, la faim leur laissait peu de répit. Les montagnards les ravitaillaient irrégulièrement. Ils durent s’enfuir.
Quand il revint à Callian, il changea de nom. On lui donna un nom corse. Il fallait renoncer à son identité, vivre caché. De nombreux maquis s'étaient constitués dans le Var. Celui de Canjuers s'étendait sur Tourtour, Bauduen, Les Salles. Ils communiquaient avec les autres, après les avoir jaugés avec curiosité, car à ce moment là, ils devaient se démasquer. C'était pile ou face.

Un jour, M. Bernard qui se dirigeait sur le maquis des Maures, raconte :
“Quelqu'un nous attendait, j'ai donné le mot de passe : “Quelle heure est-il ?”
Ce à quoi on devait répondre : “Il est cinq heures !”
Sans code, on ne passait pas !”

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Scène d’exode

Des stèles à la mémoire des martyrs de la résistance jalonnent ces routes. Ces jeunes hommes, pour la plupart, menaient une vie dangereuse.
Ils prenaient de grands risques sans se poser de questions, c'était leur quotidien…

Dans les années 1940, pour échapper à la misère, à l'oppressante et menaçante occupation germanique, beaucoup de gens fuirent la zone nord pour venir en zone libre.

Des milliers de personnes se sauvaient, souvent avec des moyens de fortune. Les moins pauvres étaient motorisés, les autres allaient comme ils pouvaient, attelant une carriole à un cheval, un vélo…

D'autres, à pied, emmenant avec eux le peu de biens qu'ils pouvaient en essayant d'éviter les mitraillages aériens. Des familles entières sont arrivées dans le sud de la France. Pendant ce temps, des familles étaient expulsées de Menton.

 

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Monument de la Résistance - Draguignan

Le Dr German témoigne :
“Il y avait beaucoup de réfugiés. Les Italiens ont expulsé de Menton 7000 familles dans le Var. Elles ont été prises en charge par le Secours National de Vichy.
On dénombrait quatre foyers, un à Draguignan, un à Fréjus, un à Toulon et un à Brignoles.
Celui de Draguignan était le centre départemental situé au bout du boulevard Carnot en montant sur Saint-Léger. Il y avait un grand atelier.
Le Secours National a géré ces 7000 familles (nourriture, travail) ce qui représente environ 20 000 habitants. Le Secours National est devenu l'Entraide Française à la Libération. J'en ai pris la direction jusqu'à sa liquidation en 1947-1948 quand les réfugiés sont rentrés chez eux…”
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Le presbytère - Callas
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L’hôtel de France - Callas
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L’école près du verger - Callas
A Callas, Mme Bérenguier avait déposé une demande à la mairie, pour travailler auprès des enfants de 6 à12 ans, alors que les parents restaient à Toulon. Les cent petits réfugiés avaient été recueillis à l'hôtel de France, au presbytère et à l'école près de la rue du verger. Une directrice d'école, des institutrices, une infirmière, un économe que le Conseil général avait envoyés, leur prodiguaient des soins et surtout de l'amour. Au déracinement s'ajoutait la séparation.

Au mois d'août 1940, une série de mesures sont mises en application. Parmi elles :
- le recensement par les soins des autorités françaises de tous les Israélites de la zone occupée ;
- l’apposition d'une affiche spéciale sur les magasins et entreprises leur appartenant ;
- l’interdiction aux Juifs se trouvant en zone libre de venir en zone occupée.
Dès le mois d'octobre paraît à Vichy le premier statut des Juifs. Ils sont exclus de la fonction publique et un numerus clausus leur est imposé dans les professions libérales. Le journalisme, la radio, le théâtre, le cinéma leur sont interdits.

En juin 1942, ils sont contraints au port de l'étoile jaune.
Puis finalement, après une monstrueuse campagne antisémite, ils sont envoyés en camp de concentration pour l'application de la solution finale annoncée par Hitler. Une partie d'entre eux réussit à se cacher et surtout à sauver leurs enfants, grâce à l'intervention de certains Français très discrets que, plus tard, on nomma « Les Justes ».

Mme Benet se rappelle :
“Des amis à mes parents qui n'avaient pas d'enfants sont arrivés un jour avec un petit garçon. Ils habitaient à Bauduen et venaient chez le médecin. Nous trouvions que l'enfant avait un fort accent. Avec le temps, j'ai compris qu'il était juif.”


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