L'occupation allemande


Puis les Allemands sont venus à leur tour, la peur aussi. Ils étaient durs.

L'abbé Boyer ressentait la tension de ces jours-là :
"Mais après, il a fallu changer d'attitude avec l'occupation allemande. Le décor aussi avait changé et ce n'était pas du tout le même genre, il fallait faire attention. Il y a eu quand même une résistance qui se manifestait. Il y a eu La Milice à côté de chez moi. Alors tous les matins, il y avait le grand cinéma et combien de fois, je les voyais monter armés dans une camionnette, partir en chasse. Vous vous imaginez ce qu'ils allaient chasser, d'autres Français, des résistants !”

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Villa Gladys - Draguignan

La kommandantur était installée à l'hôtel Bertin, la Gestapo à la villa Forezienne et le général Ferdinand Neuling à la villa Gladys. Draguignan n'était plus une petite ville accueillante.

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Hôtel Bertin - Draguignan
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Villa Forezienne - Draguignan

Après ces années, des femmes n'ont pas oublié. Parmi elles, Mme Ferrier à Montferrat :
“Nous allions à l'école, dont la moitié seulement était réquisitionnée par les Allemands pour y entreposer leurs marchandises. Le village était fermé par des barrières, une en haut et une en bas. On le prenait comme un jeu. On allait donner à manger aux poules et on était obligé de passer sous la barrière sur les carrioles que nous avions construites.”

Pour son jeune cœur d'enfant, c'était beaucoup.

Mme Nanelli a conservé, elle aussi, ce souvenir :
“Un jour, un gosse est allé à la boulangerie réservée aux Allemands. Ils faisaient leur pain, rue Pierre Clément. Un soldat a braqué l'arme sur l'enfant qui a eu la vie sauve grâce à l'intervention d'un homme sur les lieux. De même, ils interdisaient d'étendre le linge à la fenêtre de peur que ce ne soit un code.”

Ici, on ne parlait pas de déportation ou alors à mots couverts. Le mot était terrifiant. Etre déporté, n'être plus qu'un numéro, un matricule, n'être plus personne. Avoir été transporté loin, ailleurs, avoir peur, être humilié, avoir froid jusqu'à en mourir, avoir faim jusqu'à ne plus tenir debout. N'avoir plus rien, n'être plus rien.

Revenir, être un survivant, rire avec la politesse du désespoir, essayer de se reconstruire, de cicatriser cette blessure qui ne se refermera jamais. Mais vivre encore et debout…


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