J‘avais 14 ans quand la guerre a éclatée, nous «étions à la fête d'Aups, nous savions que la guerre était imminente.
Le village s'est retrouvé sans hommes j'ai été appelé à conduire beaucoup de chevaux pour des voisines qui n'avaient plus de maris pour les foins et d'autres travaux.
J'ai conduit même mon cheval à la revue, pour s'avoir s'il était bon pour l'armée cela se passait à Salernes.
La position des femmes a changée pendant cette période elles ont du assurer la vie de la famille et du village.

Elles n'ont pas vraiment fait de résistance dans le sens où elles n'ont pas combattues mais cependant elles soutenaient pour la plupart les résistants en les cachant parfois ou en les ravitaillement.
Je n'ai pas été appelé aux chantiers de jeunesse, j'étais trop jeune, mon frère aîné lui par contre a été requis, il est de la classe 21, mais il était sursitaire normalien.
J'ai aidé la résistance sans le savoir, je n'avais pas l'age au début mais à la fin, j'ai été appelé pour le S.T.O. a ce moment là un ami de la famille m'a embauché dans son établissement dans l'Isère , il faisait des forages pour les allemands je n'ai jamais travaillé pour Mr Morel mais c'était une couverture légale. Je fréquentais des résistants Mattécci, Andrétti, Cailloli, Conti et bien d'autres, celui dont je souviens le plus c'était un de mes amis très proche Roland de Santucci fusillé le 27 juillet 1944 au béssillon à l'age de 21 ans.
Il y avait plusieurs maquis du Béssillon où des combats très forts ont eu lieu, le maquis de Canjuers qui s'étendait sur Tourtour, Bauduen, les Salles, jusqu'aux limites de Canjuers, des stèles à leur mémoire jalonnent ces routes a Signes aussi un jeune de 20 ans a été abattu le 2 Janvier 1944 c'était Pierrot Valselli chaque année plus de 200 personnes viennent se souvenir devant sa stèle.
Moi j'ai échappé au pire car sans le vouloir ou sans le savoir, je prenais d'énormes risques, en Juin ou Juillet 1944 mon oncle me demande d'aller chercher un bœuf de boucherie aux abattoirs de Draguignan, c'était un bœuf sauvage d'une tonne âgé de 2 ans, le bœuf était entravé, la patte attaché à la tête mais il courrait quand même et me faisait faire des kilomètres en plus.
En fait j'étais dans une totale illégalité j'ai ramené le bœuf clandestin jusqu'à Aups où mon père et mon frère l'ont tué et découpé, la moitié était pour le maquis de Canjuers et l'autre vendue au marché noir pour rembourser le prix du bœuf.
Plusieurs fois sur la route, j'ai croisé des allemands, ils pensaient que j'allais au labours et ne m'ont pas inquiété ils avaient remarqués les traces d'un foyer éteint dans les environs et m'ont demandé si c'était moi qui avait fait du feu, j'ai dit « oui » je s'avais qu'il y avait des maquisards dans le coin, les soldats allemands n'étaient pas à quelques détails près.
J'ai évidemment entendu parler du Docteur German, il y avait aussi Casimir Cauvin un parent à moi, « infirmier » il était aussi ravitailleur du maquis (il faisait de la boucherie clandestine).
Au moment du débarquement, le 15 Août 1944 les américains sont arrivés à la motte 2 jours après, le 17 août 1944 c' est Villecroze qui devait être libéré.
Roger Merlino, un de mes amis apprenti boulanger me dit « les américains sont arrivés » un client l'avait averti, sur la route il avait doublé leur convoi avec sa bicyclette.
Nous partons vers le dépôt d'ordures, il était à peu près 8 heures du matin, nous nous sommes cachés pour observer, on voyait des casques brillés au soleil, de l'herbe, des branches d'arbres qui s'agitaient c'était un peu confus était ils des allemands ou des américains ?
Sur ce je cours jusqu'au village, je me fais ouvrir la porte de la mairie, je prends le drapeau et en un éclair je monte l'installer sur le clocher……. 10 minutes après les américains étaient là, rassuré par les couleurs de la France.
Je n'ai pas eu conscience du danger et pourtant on risquait notre vie souvent, les allemands ne transigeaient pas avec le règlement, pour 6 œufs, on vous mettait dedans, si un magasin devait ouvrir à 7 heures ce n'était pas 7 heures 05 sinon……Procès verbal et en correctionnelle.
En 1942/43 il fallait rendre les armes, j'ai donné mon fusil, je ne l'ai jamais revu, j'étais ami avec une grand-mère de Salernes à son décès elle légua un fusil qu'elle avait réussie à cacher aux allemands, sa sœur me supplia de venir le chercher car elle avait très peur, j'y suis allé avec le bœuf et la charrette à foin pour cacher le fusil, j'ai passé le barrage des allemands sans problème malgré la fouille !!! question de chance, car j'aurai pu le payer très cher.
L'occupation Italienne n'avait rien à voir avec celle des allemands, quel soldat Italien n'avait pas de la famille Française  ? C'était presque familiale !
Après la guerre la vie a repris son cours tout doucement, le 11 Avril 1945 j'ai passé mon permis de conduire, c'était la fin de la guerre puisque les allemands ont déposés les armes le 8 Mai 1945, avec un permis et une mauvaise camionnette je rendais des services, j'allais chercher du poisson en bord de mer. La guerre a amenée de nouvelles méthodes, le modernisme, la guerre nous a aussi appris a conserver les choses et à les réparer, moi je ne jette rien, je redresse même les vieux clous pour les réutilisés.
En 1944, le Général de Gaulle accorda le droit de vote aux femmes comme il l'avait promis c'était une bonne chose, j'étais un admirateur du Général de Gaulle et je le suis toujours.
J'ai effectué mon service militaire après la guerre en 1946.
Les problèmes de ravitaillement ont perdurés jusqu'en 1949/1950, les routes n'ont pas été rétablies tout de suite.