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Interview du Docteur Angelin German



J'étais étudiant en médecine, interne à l'hôpital de Draguignan depuis le 1/10/1938. Je ne me suis jamais occupé de choses publiques. J'étais passionné par mes études. J'ignorais les choses publiques et politiques.
J'ai fait comme tt le monde. J'ai suivi évènements dans le monde entier.
Réalité de la guerre. J'ai été mobilisé le 30/02/39. J'ai été pendant un an auxiliaire médecin à la 16ème section militaire de Montpellier. J'ai été affecté dans l'armée des Alpes. J'ai parcouru toutes les Alpes depuis le Briançonnais, le Queyras et l'Ubaye. J'ai fini en tant que médecin à La Tour des Sagnes entre le col de l'Arche et la montagne de Restefond. La 1 ère compagnie a arrêté les Italiens de la 27ème compagnie de la division Pusteria. A l'Armistice, j'étais enfermé dans un petit coin. Puis j'ai été démobilisé à Gap et je suis revenu à Draguignan en 1939.

A la fin septembre/début octobre 1940, j'ai pris contact par hasard avec un groupe de 4/5 personnes qui visitaient les plus démunis de l'hôpital de Draguignan, c'était le groupe St Vincent de Paul dirigé par G. Cisson, un homme merveilleux. Il était contre le gouvernement de Vichy. Il avait fait la campagne de France dans la bataille de l'Aisne.
J'étais complètement isolé, sans relations avec personne. Je le lui ai raconté et il a abondé dans ce sens . J'ai rejoint le groupe de Flayosc : M. Ruelle à la gare de Fréjus/St Raphaël (la gare Fréjus très importante). II était ingénieur des Ponts et Chaussés. Il y avait le caissier du CL. C'est le 1 er groupe dracénois auquel j'ai participé. Ce groupe n'a pas bougé. Ruelle a eu la chance de prendre contact vers le 15/8/40 avec le fameux patron de combat Henri Freynet qui avait fui les Allemands. A Fréjus, j'ai connu un capitaine des Sénégalais ami de Ruelle. J'ai représenté Combat jusqu'à Marseille.

La Résistance a débuté en 1940. Ruelle a commencé sa résistance avec H. Fryenet et a créé Combat. Combat était un tract au départ et est devenu une grande association. Il était distribué de bouche à oreille, de main à main. Cisson avait un poste TSF sur lequel il écoutait Radio Londres. On écrivait des choses sur les murs. La population était totalement indifférente. Elle ne pensait qu'à manger.
Celui de Draguignan était situé boulevard Carnot en montant sur St léger. Il y avait un grand atelier. Le Secours National a géré ces familles (nourriture, travail). Le Secours National est devenu l'Entraide française à la Libération. J'en ai pris la direction jusqu'à sa liquidation en 1947/48. Il n'en a pas connu à ce moment-là. Après la guerre, il a été aidé par Mme Cazelles sur le plan social. Avec G. Cisson, super catholique, à la messe tous les matins de 7h, communiait. J'étais le mécréant. Cassou, Cazelles, Lecamps ? socialiste, Blanc au contrôle économique.
Très occupé à l'hôpital. Il n'y avait pas de blessés car il n'y avait pas de combat. Une grande famille anglaise a été hébergée à Flayosc jusqu'à la Libération. En tant que chef de laboratoire, il a connu Jean Piquemal qui était franc-maçon. Il est parti après 1940 car les francs-maçons étaient poursuivis. Il était sur Digne car il a été tué avec G. Cisson à Signes.
La Gestapo a fait son posssible pour nous détecter mais sans succès. Un jour , fin 43 nous avons suivis, avec mon camarade DONNADE, deux agents espagnols de la gestapo en moto ,jusqu'au bureau de la gestapo, ils n'ont rien remarqué, heureusement ! Nous avions pris d'énormes risques pour rien, nous étions très jeunes !
Sur le plan médical, il n'y avait aucun médecin avec lui. Le corps médical était soit neutre soit pro vichyste, sauf le Dr Gayrad qui lui paraissait sûr. Il avait toute confiance en lui. Il lui a d'ailleurs confié sa famille le 6/6/44.
Au service médecine hommes travaillaient 2 infirmières qui ont participé à des évasions sans se faire détecter.
Au départ, il voulait savoir qui il hospitalisait. Puis il leur donnait un autre nom. Le mieux était de ne pas les connaître.
Il volait les fournitures médicales. En a volé aux Italiens qui avaient une antenne médicale au lycée J. Moulin et aux allemands. Cela faisait partie des choses à faire, partie du jeu.
Il a volé 3 paires de brancard, puis les a montés dans les maquis. Très peu de soins étaient dispensés dans les maquis car il y avait peu de bagarre. Il les soignait à l'hôpital.
Le 21 ou 22/8/44, les Américains avaient tiré sur les Allemands à Fayence. Il a volé une grosse ambulance lourde aux Allemands (l'ambulance de l'hôpital était légère) en compagnie d'un homme dénommé Grégoire qui vendait des légumes sur le marché (bonhomme extraordinaire). Ils sont partis avec Mmes Cisson et Cazelles, et avec Simon, préparateur en pharmacie que j'avais emmené au maquis d'abord. . Nous sommes partis à 5 à Fayence. Nous nous sommes arrêtés en bas de Fayence. Des arbres avaient été abattus. Nous avons dû passer par Brovès pour arriver à Boriguailles ( ?) où se trouvait le PC des FTPF de Fayence, Montauroux, tout ce coin là. 100 FTP étaient présents et un capitaine français parachuté s'était cassé la jambe et qu'il fallait réparer à Draguignan. Mais qu'allait faire vous faire ? me demande le capitaine ? Je transporte les blessés en ambulance. J'avais effacé Deutsche Wechmacht et inscrit Comité médical dracénois, avec un drapeau bleu blanc rouge d'un côté et le drapeau de la Croix-Rouge de l'autre. J'avance sur le chemin de terre. Quand tout à coup, nous rencontrons une chicane avec 2 charrettes sur le chemin : 1 tête apparaît soudain surgie d'un trou d'hommes. C'était un Allemand armé d'un fusil, puis une autre tête a surgi, et encore une autre,…. Nous sommes passés entre deux colonnes d'Allemands. Nous zigzaguons pour passer la chicane et nous arrivons sur la place où se trouvait le Dr Talland. C'est la place qui domine toute la plaine . Sur cette place, 4 canons allemands tiraient sur les US. Je me retrouvais là au milieu sans avoir peur. Dans ces moments-là, la peur est dépassée.
Le Dr Pénarias remplaçait le Dr Talland. J'ai des blessés. 3 ou 4 garages ouverts avec une vingtaine de blessés sur des matelas (des civils et des allemands) dont 5 blessés graves. Vous ne partez pas disent les Allemands. L'ambulance comporte 5 couchettes et on bourre avec d'autres blessés plus légers. Quand arrive une vieille dame (40/45 ans ! nous on était jeune) polonaise mariée à français qui parlait allemand. On lui explique la situation, elle nous sert d'interprète. Les Allemands sont catégoriques. Ils refusent toujours de nous laisser partir. Ils ont l'ordre de leur état-major de ne jamais prendre contact avec les terroristes (maquisards pour les Allemands). Je lui affirme que les blessés allemands seraient bien soignés, que je délivrerai une attestation de soins et que je les remettrai à des médecins allemands. Je m'assoie et je reste là et de guerre lasse (palabres pendant plus d'une heure) il nous a laissés partir.
Arrivée à la nuit tombante à Draguignan. Départ le matin suivant à nouveau pour Fayence pour récupérer les autres blessés. Je refait le même chemin. On apprend que les Allemands se sont rendus aux US vers 7h30 ce matin là. J'ai eu la plus grande peur de ma vie : une vingtaine de démineurs US avait mis à jour un stock de mines anti personnel/anti-char et j'avais roulé 2 fois dessus). Quand c'est pas l'heure, c'est pas l'heure !
Bagarres à la Libération : le docteur German a ordre d'organiser le service médical. Il l'évoquera dans son allocution le 16 août.
Le docteur German a évité le 16/8 après-midi le bombardement de Draguignan. 2 US sont arrivés morts de fatique. Ils étaient affalés vers les 3 h alors qu'il était en train d'opérer. Un bombardement commence. Il secoure les 2 US qui indiquent que Draguignan est « kaput. ». 2 avions dont 1 Piper survolent la ville. . Combats avec les hommes de Fontès. Les US lui font signe qu'ils veulent quelque chose de grand. Ils prennent 2 draps qu'ils disposent sur la place de la Victoire (donne une photo de la place qui est nue). Le drap est disposé d‘une certaine façon (c'était un code) sur la place. Le Piper a survolé la place et s'est détourné. Les US économisaient des vies en étant très prudents.
Fontès le 14/8 dans l'après-midi est convoqué à Fayence ou 2 commandants 1 anglais/1 français lui annoncent que le débarquement aura lieu le lendemain à Ste Roseline. Fontès n'y croyait qu'à moitié. Il accepte et avec le commandant Blanc et son équipe ont détruit les asperges de Rommel (pour permettre aux parachutistes d'atterrir). Ils ont atterri en 3 vagues. Il y avait une forte brume sur l'Argens. Fontès a bloqué l'état major. 10000 Allemands étaient présents avec l'ordre donné par leur état-majour de ne pas bouger. Ils attendaient de savoir contre qui se battre, soit contre les US de l'intérieur soit ceux de la côte. Les Allemands n'ont pas bougé toute la journée du 15/8 alors que les US avançaient.
A connu Mme Tummino. Son mari s'était évadé. Habitait rue des Remparts au fond de jardin qui donnait sur la rue des Minimes. C'était le PC de la Résistance.
Se contentait de l'histoire médico sociale.
Cimetière US : le 15/8 vers 12h30 on emmène 2 cadavres US récupérés aux Selves à la Clinique en face de la gare où était son infirmerie clandestine. Se rend au service d'identité à la Mairie. Comme il ne savait quoi en faire, les ont emmenés dans la salle des pas perdus du tribunal de grande instance. Une chapelle ardente a été dressée et ils ont été veillés toute la nuit. Ou dois-je les mettre ? A choisi le site du cimetière actuel. Les a transportés et enterrés à 11h30 selon le rite catholique en présence de Mlle Vidal et de Mme Cazelles.
Le 17 et 18 l'arrivée des US l'a signalé au commandement. Ont rassemblé les cadavres US de toute la campagne et les ont enterrés là. C'est devenu territoire US une dizaine d'années après. Il n'y as pas de corps, seulement des croix qui les symbolisent.
Après la Libération : reprise de la vie civile : engagé volontaire et est parti en Autriche. A part quelques visites à ses parents qui habitaient rue des Marchands, il était très pris par ses activités civiles et militaires.
L'hôpital : peu de naissance. Il n'y avait pas de maternité, seulement 2 chambres avec 2 sage femmes au service médecine femmes. A créé le service d'obstétrique quand il est devenu gynécologue accoucheur.


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