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Interview de Madame Juliette Paglia



Effectivement je suis née en 1920, je suis Niçoise, j'avais bien 19 ans à l'époque de la seconde guerre mondiale, je suis arrivée à Ste Maxime pour travailler dans le plus grand hôtel « les palmiers » mes patrons n'étaient pas dans la région ils étaient sur Genève donc je m'occupais de tout, un jour je reçois un coup de fil me demandant si je pouvais les recevoir pour un repas suite à un jugement qui allait se passer sur Draguignan « ils jugeait une espionne » .Il y avait le juge, le procureur, les avocats donc un repas pour une dizaine de personnes dont Mr Reboul faisait partie c'est là où je l'ai rencontré pour la première fois, je me souviens il était venu me trouver à ma réception, mais j'ai l'ai envoyé bouler.

Un jour ma patronne qui était sur Ste Maxime me dit qu'il faudrait aller à Draguignan pour récupérer le règlement de ce repas elle avait un cousin qui s'appelait Georges, donc il était convenu que je reste la journée et le soir il me ramenait. A midi, le cousin en question nous dit nous allons prendre l'apéritif au café du Palais donc je suis et qui je vois Mr Reboul . Le cousin lui demande s'il y avait un car pour rentrer sur Ste Maxime, M Reboul se propose de me ramener, vers 17h. au moment du départ, je vois arriver 5 messieurs, je m'inquiète M Reboul me fait part qu'ils vont prendre un banquet à Boulouris car il avait constitué la fondation de prisonniers de guerre, il finit par me ramener et voilà c'est parti de là je ne voulais pas mais c'est comme ça malheureusement il est décédé trop jeune il avait 41 ans moi 32 ans et ma fille 3 ans.
Elle ne l'a pas fait soigner c'était une folle, c'est pourquoi il est mort de ses blessures de guerre il avait été encorné par une génisse. le médecin qui l'avait soigné à l' époque lui avait dit qu'il n'avait rien mais qu'il faudrait surveiller car il se pourrait qu'il se produise un hématome chose dont il ne s'est plus occupé une fois la guerre terminée, quand mon mari est mort tout a été au nom de ma fille dont j'étais la tutrice, ma belle-mère était folle de rage elle m'appelait la veuve joyeuse je vous laisse imaginer la situation, tout cela parce que je ne pleurais pas mais comme je lui ai dit quand on a un commerce on a pas le droit de pleurer elle disait toujours que je suis arrivée dans un fauteuil elle ne supportait qu'il m'avait choisie et que je n'avais pas d'argent.
Lorsque nous l'avons soigné à St Laurent du Var pendant 6 mois, ils ne pouvaient plus l'opérer il était trop tard la gangrène s'y est mis je payais 3000 francs tous les matins, on n'avait pas d'assurance; on était commerçant, un jour le chirurgien me dit de le sortir prenez un appartement tout près d'ici car votre mari n'ira pas jusqu'à la Noël, j'avais une tête à faire peur en apprenant la nouvelle, ma belle mère me dit il ne faut se demander où vous étiez la colère me prit je lui annonçais que son fils était perdu et pourtant je ne voulais pas le lui dire.
Je travaillais comme employée de bureau, nous n'étions pas payée c'était dégoûtant, alors une de mes amies me dit tu devrais allez chez Vogade (restaurant et salon de thé, bar américain, orchestre) toi tu es grande et mince tu devrais te présenter bien car elle était mignonnette mais pot à tabac moi j'étais grande et présentais bien, j'y suis allée châpeautée et gantée, avec maman il fallait mettre les gants été comme hiver, une dame m'a reçue elle ressemblait à une marquise, avec ses cheveux blancs /bleus elle me regarde de la tête au pied et dit je vous prend 8 jours à l'essai, au bout de 3 jours elle m'annonce je vous garde, qui venait chez Vogade avait de l'argent sinon ce n'était pas la peine, c'était le summum cette maison (confiserie, fruits confits, bonbons, salon de thé ) c'était connu dans le monde entier il fallait réserver sa place longtemps à l'avance nous avions aussi un orchestre on y rencontrait des Princes, le Roi Léopold, Jules Berry, Louis Jouvet, Gaby Morlay elle avait une très jolie villa sur la colline, Sacha Guitry qui faisait des entrées théâtrales il avait sa 5ème femme il s'approche pour prendre des bonbons et « dit là » en désignant une table afin que tout le monde le remarque, il y avait aussi Joséphine Baker.
Puis j'ai atterri à Ste Maxime à l'hôtel des Palmiers. Je fisains la récéption. L'hôtel était en deux parties, deux arrondis. On ne s'occupait pas de la partie occupée par les Allemands? Ils étaient toujours corrects. Mais je les ai volés tant que j'ai pu. Ils avaient de tout et nous on n'avait rien. (café, sucre, farine; viande, lapin, poulet). Je vais me servir, toussez si vous en voyez un, j'irai me cacher dans la soute à charbon.
Un jour, je vois arriver un général all à cheval. On avait masqué la salle à manger provençale. Pouvez-vous me céder Mlle la chambre du premier et le petit salon ? Il est parti. Il va trouver à la Kommandantur disant que j'avais menti, j'ai été obligée dans les 3 jours de tt vider. Cette espèce de peau de chien, je le narguais. Attention Mlle chef nazi me disait le cuisinier. Arrive l'interprète : il faut partir; il y a un rapport sur vous à la kommandantur. Je ne peux pas où voulez-vous que j'aille ? L'interprète va trouver le général, c'est une gamine, elle a une grosse responsabilité, déchirez le rapport. Je n'ai pas été inquiétée.
Un peu avant le débarquement, ils bâtissaient le mur, ils ns ont donné 5 j pour partir. La mairie avait mis à notre dispo une villa qui dominait la mer.
C'était le 15/8. Toute la nuit ça pétaradait. Nous avions peur. Les gardiens de la villa ns avait fait un bel abri. On va aller dans l'abri dans la nuit. Dans la matinée, j'avais des haricots verts à faire cuire, j'ai ouvert les vitres. Ce que c'est brumeux, avec ce beau soleil, c'est pas possible qu'il y ait tant de brouillard. Les Allemands font des manœuvres. Un civil me dit ils ont débarqué. La brume masquait les barges de débarquement et les parachutistes. A 17h vous pouvez descendre. C'était superbe. Il y avait 1600 bateaux dans le golfe de St Trop et Ste Maxime. Il y avait des américains, des français, d'arabes. Pour faire sortir les chars, ils avaient fait des passerelles. Delattre de Tassigny s'occupait de la campagne de France. Les All ont été faits prisonniers, sans dégât à l'hôtel. Ensuite les Américains ont occupé l'hôtel. Heureusement que je n'étais pas seule. Je rentre ils m'ont attrapé à 3. Si la maman n'avait pas été là qui leur criait de me lâcher, j'aurais été violée.Quand ils sont partis, ils avaient tout détérioré. Les moquettes lardées de coups de couteau, des vomissures de partout. Les armoires démontées. Ils n'ont jamais vidé le puits perdu. On a tout remis en ordre. Ils sont restés 6 mois environ. Ils sont en pays conquis. Voyez en Irak.

J'étais seule. Un jour je reçois un coup de fil. Jugement de l'espionne.
Je souffrais et j'ai consulté en 1946 le Dr German qui a détecté une appendicite. Le dr Oustric m'a opérée. On s'est marié en 1947. J'ai travaillé avec mon mari au café du Palais. Une des plus belles affaires de Draguignan "Chez Reboul". Très belle clientèle (juges, avocats, procureur) Témoin de notre mariage M. Croisille le procureur.
Nous sommes partis dans les Pyrénnées en juillet (voyage de noce). En juillet août on partait avec la voiture une Hotchkiss. Il fallait de l'argent. D'abord une Rosalie, puis la Hotchkiss elle n'avait pas de pneus. Je n'ai pas passé mon permis de conduire. Mon mari n'aurait pas toléré que je conduise. Il était jaloux. Je n'étais pas indépendante. Pour la St Hermentaire , je vais faire un tour avec une amie. On monte dans les autos tamponneuses. Arrivent 2 amis de mon mari. On s'amuse sur les voitures. Scène de ménage en rentrant. Je ne pouvais pas sortir seule. Il a regretté son attitude quand il a été si malade. On sortait beaucoup avec des amis. Je ne pouvais pas m'attarder. J'avais une couturière, 2 sœurs.
Elle habillait la bourgeoisie de Draguignan. Les demoiselles Garnier, Chiffon actuellement. J'ai encoure un manteau noir avec du renard argenté aux manches. Je l'avais payé 35 000 F à l'époque.
A Nice je passe devant les Galeries avec ma fille, j'ai fait déplacer le renard.
Alliez vs au théâtre. On était abonné. On s'habillait de belles toilettes, chapeautés. J'allais au cinéma.
Fête dans les rues après la guerre ? A Ste Maxime, joie dans les rues.

Rapports avec le voisinage.
Un cercle assez fermé de bourgeois à Draguignan. Nous étions reçus. Il y avait 4 ou 5 familles de bourgeois médecins, chirurgiens, avocats. J'ai été admise dans ce milieu.
M. Reboul était résistant. Il était prisonnier de guerre. Accident qui m'a été signalé après.
Propriété du Peyrard sur la route de Grasse avec 1500 pieds d'oliviers. Des armes étaient cachées dans le puits.
3 lots lors du partage : M Reboul a hérité d'un hôtel/café/restaurant. Le propriétaire du fond était en prison pour collaboration. L'affaire a été vendue. Les finances viennent trouver mon mari. Tu devrais acheter le fond. On le mettra en gérance. Il faut acheter au nom de votre femme car vous ne pouvez pas être propiétaire de 2 licences. Il ne l'a pas acheté, une société l'a acheté.
J'avais une bonne qui s'occupait de ma fille, me faisait le repassage, la cuisine. Et une femme de ménage italienne. Elle est partie à cause de ma belle-mère. Elle est partie travailler comme cuisinière à la clinique Oustacha.
Je faisais partie des priviligiées. Premier poste de télé à Nice. Je suis restée 5 ans au café toute seule à la mort de mon mari. Il y avait foule, les drapeaux…….J'ai connu Mon futur 2 ème mari. Il a refusé que j'avorte. Mettre le café en gérance et partez, me dit mon médecin. Je suis partie à nice. J'ai trouvé un meublé à Nice Nord. On ne trouvait pas de logement à l'époque ni à Nice, ni à Draguignan.
Annonce de la clinique St Antoine. Faisait les dossiers pour les mutuelles. Ai remplacé le comptable qui est parti à la retraite.
Fêtes : St Hermentaire : aubade par la musique municipale qui n'existe plus : bataille de fleurs. L'orchestre le Réveil dracénois ouvrait la fête et venait sur la place nous faire l'aubade.
J'ai mis un gérant, un chef de cuisine, qui a renouvelé tous les trois ans, un mentonnais, M. Magnani qui est resté 20 ans.
J'ai épousé mon second mari après le mariage de ma première fille.
Musique : avant la guerre, j'ai été élevée dans une pension religieuse. Je jouais très bien du piano. Maman n'a pas pu continuer à m'offrir les leçons et les partitions de piano à Nice. Je jouais à la pension. J 'ai toujours aimé la musique. Je n'aime pas certaines musiques modernes. J'aime le bon jazz (Ray Ventura). Il y avait de très bons orchestres l'après-midi chez Vogade. Le soir il y avait une boîte de nuit.


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