Le gel de 1956


La météo, parfois, a ses caprices. Les Provençaux se souviennent de l'hiver 1956.
Le mois de janvier avait été presque printanier, lorsque février s'était annoncé. Une, deux, trois, mille paillettes se détachèrent du ciel et recouvrirent paisiblement la Provence d'un manteau ouaté. Le paysage feutré et opalescent se réjouit un instant de sa soudaine métamorphose.
Le très puissant mistral s'était levé, le soir. Au petit matin, la neige recouvrait le paysage. Les mimosas qui ne s'étaient pas méfiés, protestèrent raidis par la température hivernale à la vue de leurs fleurs au ton d'albâtre.
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Partie de boules de neige
Draguignan
Le gel prit possession des lieux sans crier gare. Les températures étaient rapidement descendues : à Callas, il faisait -3°C, à Saint-Tropez -6°C et - 10°C à Draguignan. Cette situation imprévue occasionna divers dégâts. A Flayosc, dix-huit compteurs d'eau avaient gelé ; dans l'Estérel, quarante camions restèrent en panne ; le corso du mimosa de Saint-Raphaël avait été annulé.
L'ouverture de la pêche avait lieu, gel ou pas gel. Les pêcheurs racontent que même les asticots jetés à l'eau succombaient instantanément.
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Les champs d'olivier

Ce climat inhabituel pour la région fut catastrophique. Les oliviers, arbres de la paix, qui hier encore déployaient fièrement leurs branches au vent léger gémirent sous l'assaut brutal. 80 % d'entre eux furent touchés sérieusement.

Leurs rameaux se recroquevillèrent, puis se cassèrent. Alors, les arbres transis et épuisés de lutter contre plus fort qu'eux, moururent. C'étaient huit à dix années de récolte compromises.

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Les champs de vignes
M. Ferrier précise :
“En 1956, on a arraché les champs d'oliviers pour les remplacer par des vignes, jusqu'en 1970 environ. Le gel avait fait des ravages. Cela a permis d'arracher des champs d'oliviers pour les remplacer par de la vigne qui rapportait plus. En 1929, il y a eu un gel des oliviers. Le coup de grâce est arrivé en 1956. Les terrains commençaient à se vendre, qui pour acheter un lopin de terre, qui pour réparer des machines agricoles, qui pour s'installer.
Les gens buvaient aussi plus de vin que maintenant. Les caves coopératives se sont construites (en 1944 à Trans).Auparavant, les gens cultivaient la vigne pour leur consommation personnelle.”

Chacun espérait que les vignes n'auraient pas souffert. Malheureusement il n'en fut rien, la perte s'évaluait à 40 % sur l'ensemble de la région. Des chênes se fendaient et l'on ne pouvait pas encore évaluer les dommages pour les arbres fruitiers. Les légumes en cours de végétation furent détruits à peu près en totalité. Le service des marchés communique le prix des poireaux à Bordeaux, 700 Francs !
Le Maire Antoine Favro demanda au Préfet du Var le classement de Draguignan sur la liste des communes sinistrées.
Dans les années cinquante, le puzzle de la vie rassembla ses pièces peu à peu, laissant le temps au temps, savourant le rythme des saisons. Les dracénois redécouvrirent le plaisir de flâner d'étal en étal.


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