Les friandises étaient plutôt rares, les cadeaux aussi à Noël. Et les pitchounets s'accommodaient plus d'une fois, d'une orange, d'une mandarine, de deux ou trois papillotes.
Mme Martin a connu les oranges et les bananes en 1945/46 :
“La première fois que j'ai vu un régime de bananes. Il était vert. Mais j'étais impatiente et j'ai mangé ma banane verte.”
Pourtant, dans les foyers riches comme dans les foyers démunis, Noël se préparait toujours avec ferveur et frénésie.
A la Sainte-Barbe, le 4 décembre, on faisait (on le fait encore) le blé ou les lentilles pour la crèche : dans trois siettons recouverts de coton, on met du blé que l'on laisse germer, et qui arrive à être vert à Noël… Présage de fertilité des champs pour l'année à venir.
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Les 13 desserts de Noël
à l'office du tourisme de
Draguignan
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En Provence, le 24 décembre était un jour de réconciliation.
Les personnes fâchées se rendaient visite pour s'excuser et se jurer une amitié inaltérable. Ces promesses se soldaient par une collation et un verre de vin. Refuser les offres de réconciliation porte malheur, dit un dicton provençal !
Après la messe de minuit, venait le gros souper. La table était recouverte de trois nappes blanches, une pour le Père, une pour le Fils et une pour le Saint-Esprit. Trois bougies étaient posées dessus ainsi que les trois soucoupes de blé. Au terme du repas, les treize desserts étaient servis : |
– les quatre mendiants(les amandes pour les Carmes, les noisettes pour les Augustins, les figues pour les Franciscains, les raisins secs pour les Dominicains) ;
– les dattes ;
– les calissons ;
– la pâte de coing ;
– le melon vert ;
– les mandarines ;
– le nougat blanc ;
– le nougat noir ;
– les fruits confits ;
– la pompe de Noël (gibassié).
Les bambins, les yeux brillants, plaçaient leurs souliers devant
la cheminée et se couchaient, fatigués par cette longue
journée, mais rêvant déjà à leurs
cadeaux, une orange et quelques friandises pour les plus modestes,
des jouets pour les autres.
Mme Benet raconte que pour Noël :
“Les enfants n'étaient pas gâtés comme maintenant.
Maintenant, c'est un débordement de jouets. Mon petit-fils veut
toujours quelque chose.” Mme Ferrier était heureuse :
“Nous, tout nous faisait plaisir ! A Noël, la tante faisait
de la compote, des grandes plaques de tarte aux pommes.
Je fais les ganses et la tarte comme la tante faisait quand on était
petit. Avec une barre de chocolat, on jouait au loto. On y passait
la soirée.
Maintenant devant la télé, plus personne ne parle.
On faisait la veillée, les parents jouaient aux cartes, buvaient
du café ou du rouge. Nous les enfants, on allait jouer. On faisait
un gâteau.” Rien n'était négligé, toutefois, pour donner aux
enfants un équilibre et un peu de douceur, et l'on serait étonné de
savoir qu'en ces temps incertains la DDASS prenait les plus malchanceux
sous son aile. En les retirant de leur foyer perturbés ou bien
les orphelins de mère, de père ou des deux. Elle les
plaçait dans des familles campagnardes avec une allocation pour
leur entretien, appelé « trousseau ». Selon les
familles d'accueil où ils demeuraient, le temps d'une guerre,
certains étaient heureux. |