Le statut des femmes


Auparavant, les femmes ne bénéficiaient pas forcément d'un statut très enviable surtout au plan professionnel.

Mme Boutou illustre les pensées du moment :
“Je me suis mariée en 1933. Quand la guerre est arrivée, nous habitions à Vidauban. J'avais deux enfants, nous avons eu très peur. Mon mari était boulanger, son patron voulait lui offrir la succession de la boulangerie car il partait à la retraite. Il lui proposait de rembourser petit à petit, mais mon mari n'a pas voulu et nous sommes revenus à Callas pour travailler à la boulangerie coopérative. Nous y sommes restés trois ans. Seulement, il ne payait que mon mari, il ne voulait pas me payer pour la vente du pain. Alors, nous avons démissionné.”

Les journées de Mme Ferrier, alors enfant, étaient rythmées par l'école et l'aide quelle pouvait apporter à ses parents qui étaient agriculteurs :
“Le soir, on allait garder les chèvres, ce qui ne nous plaisait pas trop. On soignait les bêtes. Le jeudi, on allait aider à ramasser les pommes de terre”.

A 14 ans, après son Certificat d'Etudes, elle a arrêté sa scolarité. A la saison des vendanges, la jeune fille partait avec d'autres filles à Figanières, à Roquebrune sur Argens.
N'ayant pas de véhicule, c'est le propriétaire des vignes qui venait les chercher. De ce fait, elles restaient sur place tout le temps de la vendange.

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Charrue
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Les vignes
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Les oliviers

Malgré son jeune âge à l'époque, elle relate avec précision l'histoire de l'élevage des vers à soie :
“Pendant la guerre, on recevait une petite boîte. Bien sûr, j'étais trop petite…
La récolte était faite principalement par mes parents, mes tantes, mes cousines.
On les mettait sur des claiesà étages dans un endroit où on devait maintenir une chaleur constante, une bonne odeur et du calme. Au fur et à mesure que les vers grossissaient et ce pendant quarante jours, on nettoyait les claies… Nous changions les feuilles de mûrier, nous allions cueillir du thym. Les vers à soie grossissant, nous les mettions sur des claies verticales afin qu'ils montent faire leur cocon. A l'issue de ces quarante jours, nous nous installions tous sur la placette, ma famille et les autres villageois, et nous nettoyions les cocons, puis tout était expédié. Meilleure était la qualité, plus on était payé. Mais pour avoir un kilo, il en fallait ! Cela devait être un bon appoint financier, car mes parents recommençaient chaque année.”

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La magnanerie - Draguignan

Nos arrières grands-mères et nos grands-mères travaillaient durement. C'était normal en ce temps-là.

Mme Venturino relate :
“On se levait à 3 heures du matin pour faire cuire les pois chiches. Après, il fallait encore faire sa journée…”

Elles besognaient dans les champs, dans les vignes, au-dehors en toutes saisons. Comme le souligne M. Ferrier :
“Il y avait la cueillette du genêt pour les parfumeurs de Grasse, le chèvrefeuille, la fleur de Saint-Jean, la sauge sclarée. Il y avait énormément de lavande à partir de Montferrat.
Les gens, les enfants quittaient leurs foyers pour faire les saisons, le temps des floraisons.
Cinq ou six femmes de la Motte venaient ramasser des olives tombées. Les huiles se vendaient pour les savonneries de Marseille.”

Elles faisaient du repassage, du ménage chez les autres, allaient dans les usines, celles qui n'avaient pas fermé à cause de la guerre. Dans les magnaneries, cet emploi était épuisant à cause de la chaleur élevée.

Les femmes des hommes mobilisés purent trouver du travail grâce au Comité Municipal d'Entraide aux Femmes qui créa le 5 mars 1940 un ouvroir situé avenue Carnot à Draguignan. Elles confectionnaient des vêtements destinés aux réfugiés et aux prisonniers de guerre.
Elles avaient dû parfois laisser de côté leur rêve de poursuivre des études. Des cours étaient dispensés par l'école Pigier ou bien La Ruche.

Après sa scolarité, Mme Martin est rentrée en études à Draguignan : “Pendant les études, je faisais les vendanges. Après mon CAP de comptable, je suis rentrée dans l'administration et les finances. Ensuite, je me suis mariée avec un paysan. Alors, j'ai continué les vendanges.”

Mme Carovani, par exemple, voulait être institutrice :
“J'ai été, après le Certificat d'études à l'école Jeanne d'Arc chez les sœurs, pour apprendre la sténodactylo.
Puis, j'ai eu mon diplôme au bout de deux ans. Le soir, je travaillais dans une pharmacie. J'ai fait des ménages et du repassage. Ensuite, j'ai passé les concours de la Sécurité Sociale et de la Préfecture. Et je suis entrée à la Préfecture avec un concours de sténodactylo. J'aurais aimé être institutrice, mais je n'ai pas pu. J'adorais ce métier”

Elle exprime ainsi pudiquement ses regrets.

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Usine
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Ecole Pigier (sur la gauche)
Draguignan
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Ecole La Ruche - Draguignan

Et puis, quelques jeunes filles ou jeunes femmes pouvaient décrocher un emploi à leur convenance. Mme Paglia est l'une de celles-ci :
“Je travaillais comme employée de bureau. Nous n'étions pas payées, c'était dégoûtant. Alors, une de mes amies me dit : “Tu devrais aller chez Vogade”.
C'était un restaurant, salon de thé, bar américain, orchestre… J'y suis allée, chapeautée et gantée. Maman, n'aurait pas supporté que l'on sorte tête et mains nues, été comme hiver.
Une dame m'a reçue, elle ressemblait à une marquise avec ses cheveux blanc bleu.
Elle me regarda de la tête aux pieds et dit : “Je vous prends huit jours à l'essai”.
Au bout de trois jours, elle m'annonça : “Je vous garde.”

Non, on ne pouvait plus nier la guerre ! Elle était bel et bien là, s'insérant dans chaque recoin français géographiquement libre.
Etendant ses tentacules dévastatrices dans le Monde.


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